Boom Goes the Dynamite
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 Contexte

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Angèle Simoneau
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Angèle Simoneau


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MessageSujet: Contexte    Contexte  Icon_minitimeVen 20 Jan - 17:30

Les élèves sont tous rassemblés dans le hall et un bourdonnement incessant emplit l’air de la salle. Il s’agit du régiment de nouveaux étudiants qui se trouvent à l’avant de la salle, serrés devant l’estrade pour être certains de ne rien manquer. La plupart d’entre eux en sont à leur première année de CEGEP, quittent à peine le secondaire, tout juste âgés de 18 ans. Ce sont encore des enfants. D’autres ont été contraints à changer de programme en cours de route sans doute, changement d’idée, échec scolaire dans un autre collège… Ils sont agités, curieux, impatients. Le discours d’accueil de la directrice aurait dû débuter à 13 heures 30 et il n’en est rien.

À l’arrière de la salle, les anciens élèves prennent la chose plutôt calmement. Il en ont vu d’autres, des cérémonies d’accueil, une, deux … huit. La plupart ne sont là que pour les hot-dogs et la bière gratuits à l’extérieur, après le discours. Ces élèves, plus âgés, en retrait, discutent calmement entre eux, regardent leur montre, s’ennuient à mourir. Leurs regards cherchent la baie vitrée du hall, remarquent que le temps est en train de se couvrir. Tant qu’il ne pleut pas, pensent-ils sûrement, sinon adieu le barbecue de bienvenue et bonjour les patates molles de la cafétéria.

Sur l’estrade, les professeurs et membres du personnel sont debout, en rangs. Certains regardent nerveusement la masse d’étudiants qui s’agitent, semblent chercher quelque chose, ou quelqu’un, des yeux. D’autres sont immobiles comme des statues, d’autres encore tiennent debout par une force mystérieuse tant ils ont l’air ennuyés de se trouver là.

Soudain, une porte claque dans un corridor lointain. Les élèves se taisent, cherchent la source de ce claquement sec. Celui-ci est suivi d’une série d’autres claquements. Il s’agit des chaussures d’une femme sur le plancher. Les pas se rapprochent à un rythme rapide et régulier et les têtes se tournent presque toutes vers le corridor d’où la responsable du bruit devrait apparaître. Après quelques secondes d’attente, une femme jaillit du couloir. Elle n’est pas très grande et, encadrant un visage fermé, des cheveux bruns foncés tombent, épais. D’un mouvement fluide, elle monte sur l’estrade et vient se placer au centre. Un homme se précipite pour lui tendre un micro, mais elle le repousse : elle peut s’en passer.

Avec 16 minutes de retard sur la planification, Angèle Simoneau prend la parole, d’une voix qui porte. Les rares personnes qui discutaient encore se taisent, par respect ou curiosité. Mêmes les anciens font preuve d’une soudaine attention. La directrice de l’établissement se mêle rarement à la vie étudiante. Ses quelques apparitions attisent toujours la curiosité et sa voix incite à l’écoute.

« Bienvenue à St-Martyr. Il me fait plaisir, à moi ainsi qu’à mon équipe, de vous accueillir pour cette nouvelle année dans le premier et unique CEGEP de notre petite ville de Sheffield. Je me présente pour ceux qui ne me connaissent pas; Angèle Simoneau, fondatrice de l’établissement et directrice générale depuis sa construction et probablement jusqu’à sa fermeture. »

Quelques murmures se font entendre. Il est absolument impossible de mettre un âge sur le visage de cette femme, mais St-Martyr a été ouvert en 1985 et il est peu probable que cette femme ait plus de 50 ans. Pour ceux qui savent compter, l’étonnement est palpable. Et que voulait-elle dire par « jusqu’à sa fermeture » ? Quelques gloussements se font entendre de l’arrière de la salle. Ce qui semblait un commentaire gênant la première fois est maintenant sujet de plaisanterie chez les anciens qui ont déjà vu ce discours. Le cynisme de la directrice est toujours apprécié.

D’un simple regard, elle fait taire tout le monde. Pendant plusieurs minutes, sur un ton qui fait clairement voir qu’elle voudrait être autre part, elle présente les sept programmes préuniversitaires et les trois techniques offertes par le collège, introduit les professeurs qui viennent de se joindre à l’équipe et désigne les chefs de chaque département. Il y a un moment de silence. La directrice porte le regard à l’extérieur, derrière les fenêtres. Le ciel est lourd, gris, menaçant. Un pli soucieux se forme sur son front. Puis elle revient à son discours.

« J’imagine que vous êtes tous pressés d’aller manger à mes frais. Une dernière chose avant de vous souhaiter une bonne année et de vous laisser aller. Pour ceux qui étaient avec nous l’an dernier, le problème dans les sous-sols n’a toujours pas été réglé. L’accès y est toujours interdit, pour votre sécurité. Nous prendrons des mesures dans les prochaines semaines pour voir à ce que ce problème soit résolu. »

Cette fois, de l’arrière de la salle, ce sont des véritables rires qui fusent. La directrice darde son regard vers le groupe d’étudiants à la source du dérangement et ceux-ci se taisent brusquement, intimidés. La femme sur l’estrade soutient encore un moment le regard d’un élève qui ne doit pas avoir loin de trente ans, qui semble la défier du regard. Puis, elle souhaite une bonne année à tous et repart comme elle est venue, sans se soucier de ce qui l’entoure.


***

Je m’appelle Maxime Laliberté. J’ai 25 ans et j’étudie à St-Martyr depuis huit ans maintenant. Ça fait aussi huit ans que je m’occupe du journal étudiant La Voix des Damnés. Un sacré nom pour un journal, pas vrai ?

Que vous soyez nouveau, que vous ayez commencé l’école cette année ou il y a trois ans, la cérémonie d’accueil a du ressembler à ce que j’ai décrit plus haut. La directrice commence son discours en retard, le temps se couvre, le ciel menace mais n’éclate jamais, et on nous promet comme à chaque année de résoudre ce mystérieux problème dans les sous-sols.

Je vous souhaite officiellement la bienvenue dans le pire des pires des CEGEPs du Québec. Oh allez, ne vous voilez pas la face. Si vous êtes ici, il y a bien une raison. Vous avez été viré de votre ancien collège. Vous n’avez été accepté nulle part ailleurs parce que vos résultats étaient trop désastreux. Soyons réalistes : personne n’a envie de venir se paumer à Sheffield, le trou du cul du monde.

À St-Martyr, on vous servira une nourriture sans goût, comme tout ce qui se trouve en ville. Des frites molles, des saucisses trop ou peu cuites, des aliments fades. Et vous remarquerez l’odeur. (je ne parle pas de la nourriture) L’odeur du CEGEP. Elle est partout, dans les murs, dans les classes, plus discrète ou plus appuyée selon l’endroit où on se trouve. Une espèce de mélange étrange d’odeurs anciennes, comme les rues de Paris de 1600. Mais à longue on s’y habitue. Dans deux ou trois semaines, vous la remarquerez de moins en moins. Par contre … elle s’accentue quand on s’approche des sous-sols. Refoulement d’égouts ? Et autres plaisirs …

Si vous avez de la chance et que vous êtes doué, vous terminerez votre scolarité ici en deux ans. Mais la qualité de l’enseignement … enfin. Je ne veux pas être alarmiste, mais j’ai l’impression que les professeurs engagés ne sont pas plus heureux que vous d’être ici. Je vous l’ai dit … personne ne vient se paumer ici par choix.

Au programme : une directrice cynique qui, de mémoire d’étudiant, n’a pas été vue hors de l’école par qui que ce soit, des professeurs au passé obscur, des étudiants qui avaient probablement mis ce CEGEP en dernier dans leur liste de choix, un enseignement moyen, de la nourriture fade, des cours ennuyeux, une odeur d’humidité non-identifiée, des sous-sols en perpétuelles réparations et des rebondissements dignes d’Hollywood. Je ne vous en dirai pas plus, pour ne pas vous gâcher la surprise.

Bonne année. Et bonne chance.

Votre rédacteur en chef,
Maxime Laliberté

***

La pièce est plongée dans l’obscurité, à l’exception d’un feu ardent qui brûle dans l’âtre de la cheminé et qui propage une lumière mouvante et une chaleur lourde. La décoration de la pièce est tout aussi lourde, un assemblage de meubles massifs et de tentures épaisses, de bustes, de bibliothèques aux tablettes pleines. Sur le bureau en chêne massif disposé devant une fenêtre aux épais rideaux de velours tirés, une plaque dorée indique qu’il s’agit du bureau de la directrice.

Devant l’âtre, un épais fauteuil en cuir probablement trop lourd pour être porté à trois fait face au feu. Un bras, négligemment étendu sur l’accoudoir, dépasse légèrement. Au pied du fauteuil, un énorme chien recouvert d'une masse de poils noirs, s’agite légèrement, secouant sa tête. L'animal lève la tête, émet un léger grondement.

« Je sais, Elias. Moi aussi, il commence sérieusement à m’ennuyer. »

Dans le fauteuil, Angèle Simoneau soupire et froisse la première édition de l’année du journal étudiant. D’un mouvement las, elle jette la boule de papier au feu, dont les flammes semblent se tendre pour se saisir de l’objet et le consumer lentement. L'animal secoue sa lourde tête à nouveau. Lui et la femme fixent les flammes, le premier avec férocité, la seconde avec lassitude.

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